


ALTA : un souffle dans le réel
Des territoires troubles aux banalités des quotidiens paisibles, de projet en projet, le photographe chemine. Il explore, observe, apprivoise, risque, doute.
Le voici en Bosnie, remuant le passé. Et là, en Autriche, face aux possibilités tentaculaires du vivant. Ou ici encore, en Ukraine, à l’orée des combats.
S’il avance, l’hésitation néanmoins l’accompagne. Comment, à travers l’acte photographique, saisir le réel sans l’emprisonner dans un sens? Quelle image saura ouvrir le dialogue avec les regards qui se porteront sur elle plutôt que de le clore?
Dans cette trajectoire en hasards et en détours, les réponses qui émergent du contact avec le terrain sont instinctives, donc personnelles.
Ce photographe cherche à témoigner de la rencontre avec le réel, des dissonances et autres décalages qu’elle permet de faire saillir. L’image en devient une trace, vraie mais vacillante, jamais absolue. Le photographe ose apparaître à l’occasion, quand la rencontre exige son reflet pour se dévoiler.
Mais s’il y a récurrence dans ce parcours, dans ce corpus, c’est celle de l’entretemps, cet instant de flottement entre les importances. Le photographe y rencontre un réel libéré de ses ambitions, n’ayant rien de plus à offrir que son essence.
C’est peut-être ici d’ailleurs que se niche la puissance de ces images, qui tentent d’échapper à l’espace-temps de leur cadre, à
Avec Alta : un souffle dans le réel, Charles-Frédérick Ouellet recompose l’élan créateur au cœur de sa pratique de terrain. À travers des photographies qui, pour plusieurs, reposaient sagement dans l’archive en attendant de révéler leur propos, il nous invite à dépasser ce qui s’offre aux yeux pour envisager tout ce qui du réel nous échappe.
Extrait des textes Trois temps d’un souffle, signés par l’écrivain et journaliste indépendant Frédérick Lavoie